Mercredi dernier, une grande partie des salariés de la division environnement du laboratoire EUROFINS était en grève. A l'initiative du laboratoire bordelais, ex-Laboratoire Municipal de Bordeaux, puis Institut Pasteur Lille, certains avaient fait le voyage jusqu'à Paris pour manifester de façon collective Place de la Bourse, lieu hautement symbolique en regard du traitement dont ils font l'objet de la part de la direction de leur entreprise.
En effet, Eurofins, qui a fait en 2011 quasiment un milliard de chiffre d'affaire et qui a engrangé dans le même temps 57 millions d'euros de bénéfices, soit plus du double par rapport à 2010, rachète puis démantèle les laboratoires régionaux, détruit de façon définitive les emplois, et ce pour des raisons purement boursières et pour accroitre de façon éhontée ses profits alors qu'il n'a pas la moindre difficulté financière...
Toujours dans cette même logique boursière et financière - celle-ci n'ayant décidément rien à voir avec la logique tout court - le groupe délocalisé au Luxembourg depuis juin 2012, n'hésite pas à supprimer les activités rentables du laboratoire bordelais, veut les contraindre à céder l'ensemble de leur outil de travail pour le leur relouer à prix d'or en suivant (ce qui videra l'entreprise de sa substance, celle-ci ne possédant plus aucun actif et donc plus aucune valeur marchande), et licencie les salariés par petits groupes pour éviter un plan social... Au delà, et alors que le laboratoire bordelais n'est pas en déficit, Eurofins par le biais de manoeuvres purement comptables, alourdi les charges pesant sur le bilan financier de celui-ci afin de justifier les licenciements et le sabordage d'une entité qui fonctionne mais qui ne rentre pas dans le moule de la mutinationale. En effet, Eurofins ne conçoit l'analyse que dans le cadre d'un processus industriel, qui doit lui rapporter gros à court terme, peu importe le service au client ou même la qualité de ce service, l'important étant la capitalisation boursière et le dividende versé à l'actionnaire..... Cela en dit long sur l'éthique réelle de ce groupe, aux antipodes de celle affichée dans les documents proposés aux investisseurs et dans lesquels Eurofins, c'est l'analyse dans le monde merveilleux des bisounours !
Si on cherche un peu plus loin, on constatera que le groupe Eurofins est structuré en une multitude de petites entités de type SARL, juridiquement indépendantes, lui évitant ainsi la présence de syndicats trop encombrants, divisant par la même le salariat, et contournant aussi la réglementation en matière de Comité d'entreprise etc...
Brefs, vous l'avez compris, les patrons voyous, ça existe bel et bien, en France, en 2012, sous nos yeux, et ceux d'Eurofins sont en tête de la liste.
Malheureusement, lorsqu'il s'agit de santé publique, c'est très grave, puisque le laboratoire bordelais a la charge, entre autres, du contrôle de la potabilité de l'eau du robinet, des aliments et des eaux de baignade... En délocalisant ces analyses, en les confiant à des usines situées aujourd'hui à l'autre bout du pays mais peut-être demain à l'autre bout du monde ( Eurofins est présent dans plus de 33 pays ), et au sein desquelles on ose recruter des experts avec Bac +5 en leur proposant un salaire de 1500 euros, on mesure le risque que l'on fait courir à la population dant la santé dépend de ces analyses et de leur rapidité d'exécution... Car encore une fois, la vocation d'Eurofins, ce n'est pas l'analyse mais le profit. Et si le microbiologiste chinois est moins cher que le technicien français, je vous laisse imaginer l'avenir...
Aujourd'hui, Bordeaux et sa région disposent d'un laboratoire local, où travaillent des spécialistes dont le sérieux et la compétence sont connus et reconnus à l'échelon national. Il participe quotidiennement à la santé publique. Sa disparition entrainera la disparition définitive de plus de 100 emplois, et une perte énorme en matière de sécurité alimentaire et environnementale.
Ne laissons pas la logique boursière mettre en danger notre santé !
Ci-joint un fac similé de l'article qu'à publié le journal l'Humanité, seul média concerné en France par les attaques dont font l'objet les travailleurs... Merci à eux
!