1975. Au lendemain du choc pétrolier, l'actualité est au nucléaire et c'est en choeur que l'Etat français et notre fournisseur d'électricité national EDF nous affirment que nos jolies centrales nucléaires vont nous appporter autonomie, sécurité et économie dans notre approvisionnement énergétique.
Dès lors, nombreux sont les foyers, nombreux sont les constructeurs de maisons qui vont équiper leur logement de radiateurs électriques pour le chauffage et de cumulus pour la production d'eau chaude. Ainsi, si en 1975 seulement 2% des logements étaient équipés d'un tel système de chauffage, ce sont plus de 35% des habitations qui en bénéficient aujourd'hui. Plus récemment, et toujours dans cette même optique d'autonomie, et même d'économie d'énergie (ce qui est absolument faux puisqu'en cas de grand froid, le rendement des échangeurs air/air devient catastrophique...), les pompes à chaleur et autres climatiseurs réversibles ont fait massivement irruption dans nos maisons.
Et aujourd'hui, 35 ans plus tard, chaque année, au plus froid de l'hiver ou au plus chaud de l'été, la menace du grand black-out réapparait... Ces derniers jours, le froid, avec des températures qui n'ont rien d'exceptionnel dans notre pays, a provoqué des coupures dans l'ouest du pays, et notamment en Bretagne, région qui a depuis toujours refusé l'implantation de centrales sur son territoire. Enfin, des records de consommation sans précédents viennent d'être atteints.
Tout cela n'est qu'une preuve supplémentaire, qu'entre jolies promesses, arguments commerciaux fallacieux, et mensonges d'Etat, il vaut mieux bien réfléchir avant de choisir son mode de chauffage. Et il en va de même dans pas mal d'autre domaines... Il n'y a qu'à voir l'engouement unique et inique pour les moteurs diesel dans notre pays, alors que ces moteurs sont bien plus polluants, que le gazole coûte bien plus cher à fabriquer que l'essence, que nous devons souvent l'importer, et que tout cela n'est dû qu'à un avantage fiscal sur le carburant visant à protéger nos constructeurs nationaux... Et je ne parle pas ici de la rentabilité financière de telles motorisations pour les automobilistes, rentabilité qui reste à prouver dans bien des cas...
Toujours dans le domaine de l'électricité, l'ouverture à la concurrence du marché des particuliers se solde par un joli fiasco. En effet, seulement 35 000 clients se sont laissés tenter par les offres des concurrents d'EDF. En ce qui concerne l'opérateur alternatif Poweo, ce sont 8000 courageux qui ont signé chez lui. Et aujourd'hui, en butte à une rentabilité qui ne vient pas avec des pertes de 21 millions d'euros, l'opérateur dirigé par le frangin Beigbeder est en difficultés. Sans être un spécialiste du monde économique, je me demande bien comment il aurait pu en être autrement. Car POWEO ne produisant pas, il se contente de revendre l'énergie qu'il achete sur les marchés. Et faire de meilleurs tarifs que les producteurs, tout en gagnant sa vie, apparait plutôt difficile. Voilà une nouvelle fois la preuve que l'ouverture à une concurrence artificielle de certains marchés est purement idéologique voire dogmatique, pour ne pas dire stupide et totalement contre productive... Et comme l'Etat UMP est obstiné, il vient de voter la loi NOME ( Nouvelle Organisation du Marché français de l'Electricité ) qui oblige EDF a vendre 25% de sa production à ces opérateurs alternatifs. La même chose avait été faite il y a quelques années avec France Telecom a qui l'Etat avait interdit de baisser ses tarifs pour laisser les SFR, Bouygues et consors s'installer sur le marché. Libre concurrence ? Non, concurrence artificiellement biaisée, telle une vaste farce dont le consommateur sera toujours le dindon...
Aujourd'hui, la mode est à l'énergie photovoltaïque. Cette nouvelle technologie, très prometteuse, semble être aussi le nouveau moyen pour des entrepreneurs opportunistes de tondre de la laine sur le dos des pékins qui le voudront bien. Car entre la promesse de gains mirifiques, le coût largement surévalué des installations, le subventionnement massif de l'industrie chinoise, principal producteur de capteurs, par l'Etat français, (c'est à dire le contribuable) et le bilan CO2 de la fabrication de ces capteurs qui est loin d'être favorable, je me demande si là encore, les lanternes d'aujourd'hui ne seront pas les vessies de demain... En 2010, le tarif de rachat par EDF de l'électricité ainsi produite a été revu 2 fois à la baisse et une nouvelle baisse est prévue en 2011. Ce qui semble encore heureux car on marchait un peu sur la tête en la matière... Les "professionnels" font aujourd'hui la gueule, mais faire reposer toute une filière sur un avantage fiscal est dangereux. Ils ont joué et aujourd'hui, ils perdent. Dans le même ordre d'idées, l'arrêt de la prime à la casse pour soutenir le marché de l'automobile va entrainer inéluctablement une chute de celui-ci. Mais ce que personne ne dit, c'est que la prime à la casse a entrainé la disparition de milliers de garagistes de quartier qui n'ont plus la clientèle des voitures un peu anciennes, remplacées par des neuves sous garantie... Comme quoi, tout avantage fiscal comporte inévitablement son petit côté pervers... Il devient donc urgent d'oublier ce genre d'incitation.
On le voit bien, en matière d'électricité, le courant n'a jamais été aussi alternatif et ce qui est positif à un instant, a de fortes chances d'être négatif un peu plus tard... Raison de plus pour être très vigilants !!!