Ces mots font froid dans le dos.
Pour une fois, ces mots qu'on dirait tout droit issus de la Sainte Inquisition, celle-là même qui n'hésitait pas à user des pires méthodes pour chasser l'hérétique, ce n'est pas Frédéric Lefebvre, l'aboyeur en chef qui les prononce mais Pierre Charon, le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy... Et lorsque j'emploie cette comparaison avec l'Inquisition et ses moines tortionnaires, je ne suis pas si loin de la vérité puisque Pierre Charon poursuit son discours en ajoutant : "Nous faisons de cette ignominie un casus belli. Nous voulons aller jusqu’au bout pour que cela ne se reproduise plus jamais. Il y a encore des choses à découvrir. Cette plainte permettra de reconstituer l’environnement des fautifs. De voir qui a parlé à qui."
Mais de quoi s'agit-il ? Quel évènement grave peut susciter un tel déchainement de fureur de la part du palais présidentiel ? On imagine déjà le pire... Aurait-on échappé de peu à un attentat terroriste ? Al Qaïda serait-il sur notre territoire ?
Et bien non ! Rien de grave. Enfin de notre point de vue. Mais pas de celui de Nicolas Sarkozy. Car son amour propre et son orgueil ont été blessés. Par un article sur le site Internet du Journal Du Dimanche.
Reprenons au début.
Le site internet du JDD héberge, comme d'autres sites de la presse écrite ou audiovisuelle, des blogs privés et/ou anonymes. Et au début du mois de mars, un contributeur publie ainsi un article qui fait état d'une crise au sein du couple présidentiel Sarko-Bruni. Le post, grâce ou à cause de Twitter, fait le tour du monde et est même repris par le Sun, tabloïd britannique, et par l'Indian Times. Lorsque le Journal Du Dimanche s'aperçoit de l'affaire, il s'empresse de supprimer le texte en question et son directeur se fend même d'une lettre d'excuses à l'attention de Nicolas Sarkozy.
Las, c'est trop tard. Nico et Carla s'indignent auprès de la direction du journal et auprès des dirigeants du Groupe Lagardère, son propriétaire. L'Elysée est en pleine effervescence. Les élections régionales n'ont plus aucune sorte d'importance. Il leur faut la tête du coupable, à n'importe quel prix. Malheureusement, il semble qu'il soit plus facile de trouver la trace d'un gamin qui télécharge quelques MP3 sur son baladeur qu'un internaute qui publie un article à sensation sur notre Nico favori...! Car personne n'arrive à identifier le fauteur de trouble. Au bout de quelques jours, devant l'ampleur folle que prend l'affaire et face à une fureur de l'Elysée qui ne semble pas vouloir s'appaiser, le coupable se dénonce. Il n'est autre qu'un jeune collaborateur du JDD, non journaliste, embauché pour publier des articles à sensation sur le site Internet du journal, et ainsi "faire du buzz". Malgré une réussite totale en la matière ( !!! ) il va être aussitôt "démissionné".
L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mais cela aurait été sans compter sur le désir de revanche de l'Elysée et sur sa paranoïa du complot, en ces temps de cote de popularité désastreuse. L'Elysée a donc contraint le JDD et Hachette Fillipachi a porter plainte pour, je cite, "introduction frauduleuse de données dans un système informatique" !!! Une enquête de police judiciaire va donc être menée.
J'imagine qu'il va y avoir de la garde à vue dans l'air...