On vit une époque formidable !

2 janvier 2008 3 02 /01 /janvier /2008 20:46

Le monde libre… Lorsque Churchill prononça cette expression, en 1946, c’était pour bien faire la distinction entre les deux parties d’un monde séparé par le rideau de fer.
D’un côté, le monde libre, de l’autre le bloc soviétique.

60 ans plus tard, le rideau de fer n’existe plus,
et le monde est libre de part et d’autre…

Certes, les citoyens des anciens « Pays de l’Est » peuvent désormais voyager et franchir les frontières, mais sont-ils libres ? Et dans nos démocraties occidentales, avons-nous tous la même liberté ? Un monde libre implique t-il des citoyens libres ? Libre pour qui ? Pour quoi ?

Libre ou libéral ?

Mettant toujours le doigt exactement là où ça fait mal, Ken Loach nous livre cette fois un film qui met en lumière l’utilisation sans limites des travailleurs émigrants.

Lassée d’être exploitée par ses patrons, Angela, qui n’a d’ange que l’apparence, va tenter de s’en sortir en passant de l’autre côté de la barrière et en troquant son statut d’exploitée en celui s’exploitant. Pour elle, la fin justifie les moyens…
Tous les moyens…

Aidée par Rose, sa colocataire, qui tentera jusqu’au bout de réveiller sa conscience, elle va créer une agence d’intérim, qui fournira de la main d’œuvre à qui voudra, une main d’œuvre flexible, servile, des gens qui accepteront de travailler plus pour… ne pas forcément gagner plus….

Lorsque sa matière première humaine deviendra moins docile, elle ira chercher ceux qui se plieront sans broncher : les clandestins. Ne reculant devant aucun obstacle, elle paiera très cher sa soif de réussite… Elle ne parviendra même pas à sortir de sa condition, dans la mesure où elle ne restera qu’un maillon de la longue chaîne des marchands d’esclaves, n’ayant, somme toute, progressé que d’un cran.

Et de renoncement en renoncement, elle finira par oublier jusqu’à sa dignité…

Tout cela se passe en Angleterre. Mais je ne pense pas que nous soyons beaucoup moins « débrouillards » que nos voisins d’outre-Manche… Et ce genre d’officine existe très probablement dans notre joli pays et chez nos amis européens.

La morale de cette histoire ? Même les pauvres arrivent à perdre leur dignité, leurs valeurs,
dans un monde où pour survivre, il faut écraser son voisin ou être écrasé soi-même.

Les pauvres exploitent les pauvres, et au dessus de la mêlée, d’autres s’enrichissent toujours plus…

Flexibilité, libéralisme, sous ces vocables honorables se cachent de façon sournoise, la dureté et l’asservissement. Comme quoi, on peut faire dire tout et son contraire à n’importe quel mot…