Cette célèbre phrase ne peut qu'évoquer dans nos esprits le plus célèbre des enquêteurs britanniques, Sherlock Holmes... Pourtant, il n'a jamais prononcée cette phrase dans aucun des
romans de Conan Doyle. De la même manière, il semble qu'il n'ait jamais porté de casquette de chasse à double visière ni fumé de pipe recourbée dite "calebasse"... Pour la petite histoire, cette
fameuse pipe "à la Sherlock" serait apparue en 1901, lorsque le rôle de Holmes au théâtre fut confié à William Gillette. Il semble que celui-ci ait estimé qu'une pipe droite
aurait caché une partie de son visage, aurait été difficile à fumer tout en parlant et n'aurait pas été assez noble pour son personnage, les pipes droites étant le propre des masses populaires en
cette époque victorienne...
Dans Sherlock Holmes, le film de Guy Ritchie avec Robert Downey Jr et Jude Law, le héros de Sir Arthur Conan Doyle ne prononce donc pas la célèbre phrase et fume une pipe désespérément droite. De
là à penser que cette version est plus fidèle au héros original que bon nombre d'interprétations antérieures, ce serait peut-être aller un peu vite en besogne... En tous cas, on est assez
loin de l'image plutôt stéréotypée qu'on a l'habitude d'imaginer. En effet, tant Holmes que Watson sont, dans ce film, des hommes d'action, rompus aux techniques de combat et qui n'hésitent pas à
user de leurs poings dans leur enquête. Pour autant, notre détective demeure bel et bien quelqu'un de cérébral, un homme de réflexion qui excelle dans l'art de la déduction, mais cette nouvelle
dimension plus "physique", permet un film beaucoup plus vivant et riche en rebondissements...dans tous les sens du terme ! L'orgueil et la suffisance légendaires du héros anglais n'ont pas
non plus été oubliés et l'ensemble de ces différents aspects forment un personnage plutôt réussi qu'incarne parfaitement Robert Downey Jr. (Ironman, Gothika, Ally Mc Beal...).
Dans un Londres du 19ème siècle parfaitement reconstitué, le locataire de Baker Street poursuit Lord Blackwood, un sinistre personnage qui menace Londres d'un attentat à
la bombe chimique. Flashbacks, mais aussi visions prémonitoires, ajoutent un peu de piment à une mise en scène sans temps morts et donnent un film qui offre un spectacle d'excellent
niveau. Bien meilleur en tous cas que bon nombre d'adaptations cinématographiques de séries ou de héros appartenant à l'imaginaire collectif, adaptations laissant trop souvent à désirer et
laissant au spectateur une impression pour le moins mitigée.
Le duo Robert Downey/Jude Law fonctionne à merveille, même si on peut regretter que ce dernier demeure un peu trop en retrait. Cela dit, Guy Ritchie réussi le tour de force de moderniser un
héros plutôt poussiéreux, sans pour autant le dénaturer et au final, ce long métrage est à mon sens une belle réussite.
Sherlock Holmes
Un film de Guy Ritchie
En ce moment sur les écrans.