Pas facile de passer de la parole aux actes. Difficile bien souvent de mettre en application ses principes humanistes et altruistes... Quant à regarder l'autre "avec les yeux du bon dieu", c'est à dire de s'efforcer de toujours voir le positif avant le négatif, c'est un exercice qui s'avère très très difficile au quotidien...
Alfredo et Suzanna ont cinquante ans. Il est architecte, elle est assistante sociale dans un centre qui accueille les femmes battues. Ils incarnent une certaine réussite sociale et sont ce qu'il est convenu d'appeler "des gens bien", la belle gente. Ils sont visiblement progressistes dans leurs idées, mais aussi suffisamment larges d'esprit pour accepter de fréquenter régulièrement leurs voisins qui sont à la fois cyniques, matérialistes et individualistes. Ils partent passer l'été dans leur maison de campagne perdue dans la nature. Sur le chemin du village voisin, Suzanna est un jour témoin d'une scène violente entre une prostituée, Nadja, et son souteneur. Elle va convaincre son mari d'accueillir chez eux la jeune fille et de lui venir en aide. Tout se passe pour le mieux jusqu'à ce que les bons sentiments du départ soient confrontés à la dure réalité et aux intérêts individuels de chacun...
Un soleil et une poussière omniprésents, dans une campagne italienne dont le calme et la tranquillité semblent impossibles à troubler, une maison isolée, comme coupée du monde, voilà ce qui va servir de cadre à ce huis clos. Un huis clos qui commence plutôt bien, mais qui va se compliquer lorsque Nadja va tenter de retrouver son autonomie et s'émanciper de la protection très maternante de Suzanna...
La description des sentiments et surtout de leur évolution au fil des jours est absolument épatante et le film rend à merveille ce double regard qu'ont les autres sur Nadja, bien évidemment émus par son destin, mais ne perdant toutefois pas de vue qu'elle a été une prostituée, qu'elle le restera quoi qu'elle fasse, et qu'elle est donc une personne incontestablement "moins bien" qu'eux...
La bella gente, c'est vous, c'est moi, c'est tout le monde, surtout à gauche il faut bien le dire, lorsqu'on ne parvient pas à dépasser nos à priori et nos peurs, lorsque nos belles idées humanistes entrent en collision frontale avec notre propre intérêt, individuel, terre à terre et trop souvent mercantile...
La Bella Gente
Un film de Ivano De Matteo
En ce moment sur les écrans et à l'Utopia
